Il est intéressant de voir à quel point le concept de ce film à longtemps mûrit et a connu diverses facettes avant de se retrouver dans les mains de Spielberg et son acolyte Jackson.
Tintin était a la base prévu pour Jaco van Dormael, réalisteur du plus ou moins récent Mr. Nobody. Malheureusement pour ce dernier, Nick Rodwell, nouvel époux de la veuve d’Hergé et actuel détenteur de cette fortune culturelle a décidé soudainement d’annuler son projet, ou tout du moins d’essayer de l’adapter à sa sauce en lui retirant tout ce coté psychédélique qui en aurait fait un film unique en son genre, alors que tout les papiers étaient signés . Car suite à de nombreux quiproquo concernant l’image étrange et atypique qu’a voulu insuffler ce réalisateur aux aventures de Tintin, notamment faire intervenir le personnage d’Hergé en tant que personnage récurrent et ainsi mélanger réel et imaginaire, sexualité et confusion, cette image semblait plus qu’abracadabrante. Mais c’est chose faite et Jaco semble avoir balayé d’un revers de main ce fâcheux évènement, heureux d’avoir eu la chance d’aboutir au simple fait de son idée.
Au final, Rodwell a justifié cet abandon soudain par le changement de main du projet, et cela par Spielberg, intéressé par l’adaptation des aventures de Tintin depuis les années 80. Car ne l’oublions pas, Hergé, sous le charme de Duel, avait déclaré haut et fort que seul Spielberg était habilité à adapter Tintin au cinéma.
Tintin est un jeune journaliste déjà reconnu pour de nombreuses affaires élucidées par le passé; alors que ce dernier fait le tour du marché local il tombe nez à nez avec une magnifique maquette de la Licorne, un trois mats tout droit sortit d’une autre époque. Il se retrouve alors enchevêtré dans une suite d’évènements et de mystères autour de l’histoire de cet étrange navire… Il se retrouve alors face à Sakharine, un homme prêt à tout afin de mettre la main sur sa Licorne et ainsi résoudre le mystère des Haddock, qui visiblement n’apprécie pas cet intérêt soudain de la part de Tintin. En parlant d’Haddock, Tintin fait la connaissance du dernier des descendants de cette famille : Archibald Haddock ou plus simplement le Capitaine Haddock, un homme qui a tendance à y aller un peu fort avec la bouteille…
Ces aventures vont les mener aussi bien en mer que sur la terre ferme, mais qu’en découlera-t-il?
Les scénaristes Steven Moffat, Joe Cornish et Edgar Wright se sont permis de partir sur un petit mix de plusieurs albums d’Hérgé, dans un sens, c’était surement le moyen de nous offrir surprises et intrigues tout au long du film, même pour les puristes de la BD franco-belge. Pour vous donner une petite idée de la chose, la rencontre entre Haddock et Tintin se fait après l’achat de la Licorne. Mais à la seule vue du générique nous renvoyant à la BD ou encore la présence d’Hergé juste après ce dernier pour faire la jonction entre les deux en croquant un portrait de Tintin avant même de de découvrir le Tintin interprété par Jamie Bell suffisent à nous conquérir.
Bien sûr Tintin nous a amené à nous diriger vers une suite… vu qu’il est prévue une trilogie, on pourra critiquer son coté brutal et envoyé un peu à la va-vite.
Mais ce qui est surtout important, c’est le fait que tonton Spielberg ait gardé ce qui faisait, et fait encore, le succès de la BD : une part de réalisme, un réalisme nous poussant à la soif d’aventure. Là ou des réalisateurs se seraient limités à ce qu’ils connaissent et les bases de la prise de vue réel, Spielberg met à neuf son imagination afin de pouvoir tout donner dans ce film. Bien sûr il garde tout ce qu’il a toujours aimé faire dans ces précédents films, ses symboliques ou encore ses mises en abîmes. Le meilleur exemple pour illustrer cela est un plan séquence époustouflant où l’on se rend vraiment compte de tout ce qui est permis à un réalisateur sans le poids matériel tout en restant cohérent…
Ainsi, malgré la suppression de toute contrainte matérielle, même en touchant de prêt l’impossible, tout semble possiblement vrai. Encore une fois seule la dernière scène est peut être un poil trop exagérée dans son apparence et son support. Mais sur toute la durée du film on jongle entre des angles de vues juste hallucinants, des séquences à couper le souffle et un dynamisme dans la narration époustouflant !
Le comique des choses a aussi été insufflé au film, et peut être celui ci fera découvrir aux plus jeunes la BD de Hergé.
Mais ce qu’il faut rappeler aussi… c’est le travail de la WETA, la compagnie de Peter Jackson, qui a fait un travail dantesque et rendu ce projet possible. Avec elle, la fameuse “ligne claire” semble s’être transposée au cinéma !
Car tout ici repose sur la faculté de mettre en image, un visage et surtout une expression aux idées de notre réalisateur. C’est ainsi que la WETA s’est habilement tournée d’emblée vers une technologie encore trop peu prise au sérieux : La Performance Capture.
Créée par Zemeckis et son Pole Express, il n’y a entre temps que Avatar (partiellement) ou encore Beowulf qui se sont replongés dessus. Mais le potentiel de cette technique dérivée du motion capture est définitivement celle qui va et qui réussira à donner une force à Tintin. Parce que cette dernière, avant de placer un masque sur un acteur, (comme certains le disent) tire toute son essence de l’expression de l’acteur qui le porte.
Il est donc inutile de louer Andy Serkis déjà devenu un génie, non, un virtuose du masque de l’animation, l’expérience qu’il lui vaut de conférer à Haddock plus de profondeur et plus de sentiments qu’un Jamie Bell encore en devenir,même si le personnage de Tintin reste tout de même très fidèle au personnage originel, un être épuré de sentiments qui est prêt à tout pour dénicher la moindre once d’aventure où qu’il aille !
D’autres critiquerons le fait que Sakharine ressemble étrangement à Spielberg… mais en même temps, ils se ressemblent déjà dans la BD !
Autre petit point, je suis allé voir Tintin en VF, d’une part à cause de la contrainte de la salle IMAX et d’autre part car Tintin reste pour moi un personnage franco-belge.
Il est clair que si un film va faire scandale et va être haït ou aimé, c’est bien Tintin et le Secret de la Licorne, d’un coté seront ceux qui trouverons le film totalement hors propos et sans le moindre respect pour l’oeuvre originale, de l’autre ceux qui auront tout simplement pris leur pied face à une telle oeuvre cinématographique. Je fais bien sûr partie la seconde, et je n’ai qu’une seule autre chose à dire… Vivement la suite ! | |
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Titre Français : Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne Titre Original : The Adventures of Tintin: Secret of the Unicorn Réalisation : Steven Spielberg Acteurs Principaux : Jamie Bell, Andy Serkis, Daniel Craig Durée du film : 01h47min Scénario : Steven Moffat, Joe Cornish et Edgar Wright Musique : John Williams Date de Sortie Française : 26 Octobre 2011 |
Même constat pour moi, très bon film. D’autant plus que je n’ai jamais été fan du dessin animé (oui je sais je doit être le seul) Je trouve tout de même que l’oeuvre est bien respectée, on a vu pire au niveau adaptation de scénarios, mais là je trouve ça bien réalisé.
Oui ! Une certaine chose avec… des oranges bleues entre autres… :p