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Pixagain – N°3 : Spring Breakers
Au programme : la critique complète de Spring Breakers, et qui arrivera ensuite sur le blog d’ici une semaine.
Je ne vous en dis pas plus, le reste est dans l’edito et le contenu !
N’hésitez pas à nous donner vos avis, idées & commentaires.
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Schwarzy est un l’une de ces icones dont on a oublié la véritable qualité, bonne ou mauvaise, avec le temps, Terminator, True Lies, Conan ou encore Last Action Heroes l’ont amené à un statut aujourd’hui incontestable. Pourtant, Le Dernier Rempart vient nous rappeler froidement sa vraie nature et son jeu trop souvent artificiel pour paraitre une seconde naturel quand il est question d’aligner deux mots de dialogues. L’acteur, de retour de sa retraite, doit faire face à ces défauts qu’il a su cacher en débutant sa carrière via des rôles plus muets que parlants, lui laissant le temps d’apprendre les ficelles du métier et de devenir le colosse qu’il était. En plus d’avoir pris un coup de vieux, normal à son âge, transparaissent de grosses lacunes, n’hésitant pas à en faire des caisses pour se rassurer derrière un jeu plus qu’approximatif. Heureusement, le film ne se consacre pas trop et ne repose pas que sur Schwarzy, exit les blagues qui supportaient à elles seules, avec honte, le maigre scénario de The Expendables 2, qui auraient facilement pu être débitées à la seconde vu que le personnage semble être plus intéressant par son background plutôt que par son avenir aux yeux de nombreux producteurs. Cette retenue est sans doute l’une des rares qualités du film, jusqu’à ce qu’il se permette enfin de démarrer après que la moitiée du film se soit déjà écoulée. Pour cela, on remerciera Johnny Knoxville (Jackass) et Luis Guzman (Boogie Nights), avant qu’ils ne laissent la main à un Schwarzy un peu plus éveillé et nous rappelant enfin ses plus belles heures le temps de quelques scènes. Mais une fois encore, rien de vraiment dingue au final. Tout du moins, rien qui ne nous rappelle pas déjà quelques passages de Le Bon, la Brute et le Cinglé. Le film n’arrive jamais à assumer cette aspect second degré avec lequel il jongle par moments, avant de redevenir faussement sérieux à travers son scénario aussi bourrin que lourd.
Et pourtant, par ses plans, ses idées de montages, ses jeux de champ contrechamp, Kim Jee-woon s’amuse de nouveau avec les règles du western et fait un travail propre, aidé de Ji-Yong Kim avec qui il a travaillé sur A Bittersweet Life, stylisant avec brio le passage du film : la course, ou voitures deviennent destriers lors d’un dernier duel. Cette vision, en filigrane est d’autant plus frustrante lorsque l’on voit les rendus médiocres dont s’est contenté la production lors de quelques passages requierant l’utilisation du fond vert. L’on ne pourra pas tout reprocher à la production, Kim Jee-woon, reste bien loin de ses plus grands films, malgré la matière qu’il avait entre le main, lui permettant le temps d’un film de réaliser un bon film d’action old-school. Alors que tout le film repose sur cette idée, du « dernier rempart », la tension autour de cette ville n’est jamais vraiment évidente, le déroulement de l’histoire, téléphoné et prévisible, ne s’impose jamais comme une véritable guerre entre ce petit comté et l’icône d’une mafia moderne. Faute surement à Eduardo Noriega, le dit chef, trop peu charismatique, et anecdotique pour s’imposer face à la carrure de Schwarzy. Il ne faut pas non plus chercher dans Le Dernier Rempart quelconque étude de tout ce trafic illégal frontalier entre le Mexique et les Etats-Unis. Bourrin, survitaminé lorsqu’il s’autorise enfin à décoller, le film ne dépasse malheureusement jamais l’idée d’une scène, trop léchée et calibrée pour transporter le tout un peu plus haut et devenir le véritable hommage à toute une génération.
Un shérif américain vivant prêt de la frontière mexicaine tente d’arrêter le chef d’un cartel de drogues avant que celui-ci ne s’échappe à Mexico.
L’on attendait du Dernier Rempart pas grand chose, et le résultat ne dépasse pas nos attentes, le film n’a finalement pour visée que de ramener Arnold Schwarzenegger d’entre les morts, histoire de le mettre un peu en avant pour son propre projet : la suite de Conan. À Kim Jee-woon, l’on souhaitera de ne pas trop s’embourber dans le système américain. |
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Titre Français : Le Dernier Rempart Titre Original : The Last Stand Réalisation : Kim Jee-Woon Acteurs Principaux : Arnold Schwarzenegger, Forest Whitaker, Johnny Knoxville Durée du film : 01h47min Scénario : Jeffrey Nachmanoff et George Nolfi d’après un sujet d’Andrew Knauer Musique : Mowg Photographie : Ji-Yong Kim Date de Sortie Française : 23 Janvier 2013 |
Paul Hyett est loin d’être l’un des hommes les moins connus dès qu’il est question de cinéma. Ayant consacré son travail du maquillags et des effets spéciaux sur des films tels que La Dame en Noir, L’Aigle de la Neuvième Légion ou encore The Descent, le bonhomme nage plutôt bien dans les eaux du cinéma d’horreur. Mais pour concrétiser son travail il lui manquait son long-métrage, qu’il signe enfin avec The Seasoning House, sorte de huis-clos oppressant prenant place dans les Balkans.
Visiblement, cette année au Paris International Fantastic Film Festival, les films semblent souffrir du même défaut : une fin signée par dessus la jambe et traitresse de tout ce qui lui précède. The Seasoning House, avec sa vision crue et pas moins réaliste des choses, ne souffre que de ses dernières dizaines de minutes où transparaissent les seuls véritables défauts du film malgré que tout ne soit pas à jeter. Celle qui nous rappelle que même en se sauvant, après avoir passé tant d’années dans de telles conditions, la folie ne vous quitte jamais vraiment. Les événements s’enchaînent ici beaucoup trop vite, occasionnant des situations invraisemblables dénuées du « bon goût » qu’il avait jusqu’alors su tenir. Car le film offre pourtant sur ses deux tiers une sensation de malaise impressionnante.
Mais c’est grâce à Rosie Day, interprétant Angel, que le film atteint sont aboutissement. La surdité et le fait qu’elle soit muette n’est pas utilisé ici comme un simple artifice, outil d’un pathos auquel l’on aurait pu s’attendre. Tout est concentré autour de cette élément, toute l’ambiance sonore suit cet élément, nous faisant avancer dans un univers où le son serait constamment mis en sourdine. Ce bordel nous invite rapidement à contre coeur en son sein, parmi ses filles.
Ne pas avoir cherché à approfondir les détails de la vie d’Angel précédant sa captivité permet aussi au film de nous rappeler que sa vie ne se définit finalement que depuis son arrivée dans cette prison, la fille sans nom, elle, n’existe plus.
S’il est évident que l’on ne pouvait attendre grand chose d’un nouvel épisode dédié à cette saga « culte » digne de ce qui se fait de plus mauvais en terme de série B, il faut tout de même avouer que le résultat est loin d’être atypique. Surprenant dans son approche du mythe de l’Universal Soldier, dans sa forme et ses libertés prises concernant le fond de son histoire. Ainsi, malgré des défauts aussi larges que l’ego de JCVD, Universal Soldier : Day of Reckoning parvient tout de même à faire germer de belles idées.
Maladroitement comparé à Gaspard Noé à cause de l’introduction que décide de mettre en place John Hyams, de ses stroboscopes intermittants, et son aspect expérimental, c’est plus chez Coppola, en nous servant sa conclusion improbable façon Apocalypse Now que notre réalisateur va chercher l’inspiration.
Universal Soldier 4 s’avère ainsi assez jouissif, tout du moins quand ses héros ne parlent pas, à savoir durant les deux tiers du temps. Car autre fait étonnant, l’action dans ce nouvel épisode, il faut l’attendre. Entre les deux grosses scènes de bastons, c’est perdu dans une montagne de dialogues aussi creux qu’inintéressants que l’on se retrouve, outils servant à meubler le vide scénaristique. En revanche, John Hyams semble ne pas savoir comment tourner une véritable course poursuite, mettant en scène l’un des moments les plus embarrassants du cinéma d’action.
Mais après le mal, vient le réconfort. Car si l’on pourra tout critiquer dans ce qui n’est pas Universal Soldier, à savoir ses dialogues et autres cliffhangers à deux balles, dès que vient la violence, l’on vibre enfin. Son final, plein de symbolique, nous rappelant l’ombre planant de JCVD sur la totalité du long-métrage, réussit même à nous faire oublier le temps d’un instant ses faux-raccords à la concentration impressionnante.
Finalement, Universal Soldier : Day of Reckoning, n’est pas foncièrement mauvais, de bonnes intentions et des combats plutôt bien filmés, mais ne parvenant pas à nous faire oublier ses longueurs et cette course poursuite ridicule où l’on a l’impression de voir deux camions poubelles à l’oeuvre.
Deuxième film à sketch du festival, Doomsday Book de Kim Ji-woon (J’ai rencontré le Diable) et Pil-Sung Yim (Antartic Journal), s’attaque bien évidemment, comme son titre l’indique, à la fin du monde sous trois angles de vus différents. Mais voilà, c’est coréen, et les coréens, en particuliers nos deux bonhommes, ne font jamais rien comme les autres.
Décomposé sous trois approches, Doomsday Book s’attaque respectivement à l’amour impossible, à la phobie humaine et à l’absurde. Ouvert et achevé par Yim Pil-Sung, avec au centre le segment de Kim Ji-Woon, le tout forme un ensemble bien plus cohérent - à base de pêché originel - que ABC’s of Death, et surtout avec une approche bien plus riche qu’un ensemble sporadique d’idées. Bien évidemment, vu le sujet, l’aspect tragi-comique du cinéma coréen est ici omniprésent.
Le premier, Brave New World, nous raconte la fin de l’homme par sa bêtise, par son respect inexistant de la nature; le second, Heavenly Creature, sous une influence évidente à Asimov, s’attaque au concept de la vie; et enfin le dernier, Happy Birthday, est l’absurdité coréenne dans son excès, où comment achever le monde à l’aide d’une boule de billard.
Si les deux segments de Pil-Sung sont plutôt classiques, malgré cette romance sous une omerta fatidique et cette boule de billard annonçant la fin du monde avec une douceur étrange, c’est surtout face au travail de Kim Ji-Woon que nous restons sans voix. Heavenly Creature est un peu le film que Satoshi Kon n’a jamais pu finir : The Dreaming Machine.
Ji-Woon fabrique avec ce robot l’idéal même de ce que l’humanité, corrompue de naissance et en proie à ses peurs les plus fondamentales, n’arrive aujourd’hui plus qu’à simplement idéaliser. A travers un regard et des jeux de cadres bluffants, le réalisateur ne fait pas que fabriquer une aura, il habite le robot de celle-ci, chaque plan suggérant cet aspect métaphysique de l’âme.
Doomsday Book, par toutes ses qualités, est sans doute l’un des films les plus intéressants du festival. Loin des clichés habituels, loin d’une vision pessimiste et égoïste de la fin du monde, Kim Ji-Woo et Yim Pil-Sung subliment cet instant possiblement le plus beau et unique de la vie.