?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> PixAgain » James Franco http://pixagain.org Critiques, Tests, Avis, Dossiers, Previews... Mon, 18 Nov 2013 23:50:41 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.1 Critique : Spring Breakers (Harmony Korine) /critique-spring-breakers-harmony-korine/ /critique-spring-breakers-harmony-korine/#comments Mon, 11 Mar 2013 09:00:34 +0000 /?p=7882 Spring Breakers - Affiche 2Mis en avant comme nouveau film de la génération Y, à l’instar de Projet X l’année passée, le long métrage d’Harmony Korine, Spring Breakers, s’avère au final aller bien plus loin que cette idée réduite et désuète. Clarifions ce point, afin de mieux démontrer par son inverse à quel point le film s’adresse au final à un public plus mature que celui visé. Pourtant, à travers la communication, c’est plus la génération YOLO - Y(ou)O(nly)L(ive)O(nce) – qui semble visée, phénomène répandu surtout aux États-Unis. Le concept ? Profiter de chaque jour comme si c’était le dernier. Fumette, alcool, sexe, drogue, et comme on aurait pu le dire à une autre époque bien plus classe, Rock’n'roll. Pour certains, le terme vous rappellera peut être le concept d’une de ces émissions passant en pleine nuit, sur laquelle on tombe par infortune en zappant entre deux programmes. L’idée est donc d’émerveiller notre petite génération en lui offrant un contenu, qui, il paraîtrait, lui soit adapté, boobs, drogue et sexe donc.
L’idée ne vous convainc pas? Et bien rassurez vous, Spring Breakers se trouve à fortiori à son opposé le plus total. Certes le postulat de départ nous renvoie clairement à la débauche du plaisir, mais, plus Harmony Korine nous plonge au cœur son univers, plus ses idées semblent progresser dans un concept dépassant toute logique vraisemblable. Spring Breakers brise alors les propres limites qu’il s’impose pourtant lui même en abordant un sujet aussi opportuniste et attendu.
Il est par contre étonnant - dans notre France bien puritaine - de voir le film affublé d’un « déconseillé aux moins de 12 ans », le film s’adressant clairement à un public plus mature et surtout apte à encaisser un tel choc visuel et sensationnel. Ce n’est pas pour rien qu’Harmony Korine décrit son film de véritable descente sous acides. Scandales et promotion se mélangent alors avec facilité au fur et à mesure que le film s’approche de nos salles.

Spring Breakers - 1

Petit aparté : qu’est-ce que le Spring Break ? En France, on ne connaît pas vraiment l’ampleur d’un tel phénomène, ici, on boit, on picole toute l’année, mais jamais l’on a d’événement officiel résonnant avec bikini, sable fin, et folie compulsive sexuelle. Voilà ce qu’est le Spring Break, littéralement, la pause du printemps, un instant libertin entre deux moments de dépression massive journalière. Les sulfureuses Candy (Hudgens), Brit (Benson) et Cotty (Korine), ainsi que leur chaste amie Faith (Gomez) – rêveuse, assistant à des messes punk dérangeantes -, sont nos Spring Breakeuses, et Alien (James Franco), est leur ancre dans ce milieu bien sombre au réveil.
Là où Projet X avait rapidement sombré dans un sujet abscons, profitant d’un opportunisme creux et stérile, jouant une carte symbolisée par de nombreux billets verts, Harmony Korine propose lui la fresque d’un monde rêvé et imagé par cette génération dont les héros atypiques sont Scarface et My Little Pony. Cette inspiration, on la trouve mélangée au sein d’une frustration maladive, inconsciente, ne prenant jamais naissance, restant constamment figée dans cet instant morose et banal, qu’est la vie. Cette image de cette génération, pas totalement vraie dans un premier temps mais surtout typiquement américaine, globalement sexuelle, médisante sur ses actions, parlant de spiritualité et d’amusement, n’a rien de ce que l’on appelle aujourd’hui la génération Y. Celle qui s’est reconnue à travers justement Projet X, sera sûrement déconcertée par le résultat final, Harmony Korine dressant somme toute non pas l’idéal d’une minorité mais bien le portrait d’un fragment de l’inconscience humaine. Cette folie créatrice, celle ne ce souciant plus de rien, d’aucune morale, tout cela afin de mieux reconstruire ses idées, à première vue répulsives, s’avère pourtant peu à peu logique dans le fil des choses que peint sur sa toile Harmony Korine. Véritable peintre, sorte de Pollock du cinéma, anarchique et pourtant totalement cohérent, il nous abreuve d’un récit haut en couleurs, et ce, dans tous les sens du terme. Cette mise en image prend vite la forme d’un mariage, sorte de relation extrême entre deux sentiments antagonistes, amour et violence, se frottant ainsi à la passion pure comme la décrivent certains. Il ne se contente pas de profiter du monde qui lui est offert, de se contenter d’une idée, il met en scène tout un autre monde intrinsèque au notre, qui au final s’apparente plus à celui dont Alien dit venir.
Les filles venimeuses, sortes de succubes modernes, voulant enrôler leur dernière amie, voient leur relation plus qu’explicite, charnelle, se dissiper peu à peu, pour devenir vitalité pure, jusqu’à ne faire plus qu’une durant un dernier excès de violence. A chaque instant du film, ces deux émotions s’équilibrent mutuellement, laissant place alternativement l’une à l’autre. Alors, ces filles qui ne pouvaient se séparer se fragmentent peu à peu, devenant presque étrangères entre elles.

Spring Breakers - 2

Dès que l’une d’elle quitte le groupe, elle disparaît à jamais, hors de ce monde rose et fou que leur propose Alien. Et malgré cette idée que propose Harmony Korine, que la banalité est un lieu dont l’on veut s’échapper, mais qui au final s’avère sans doute être notre seul havre de paix, il ne peut s’empêcher d’en faire un société monochromatique et triste, tout en contraste avec les jeux de lumières incessants dans ce monde où seule la nuit fait office de journée.
Spring Breakers est par conséquence plus que visuel dans ses propositions, s’attardant moins sur une quelconque continuité narrative, n’allant par quatre chemins pour montrer son cheval de guerre. Cette profusion de scènes de chairs continuelles en deviennent pourtant vomitives, excès dont finalement le monde banal cherche à éviter, après les vanités de la participation et de l’envie que l’on aime à porter pour se faire paraître normal. Pourra-t-on dire que le film propose parfois une imagerie trop gratuite ? Peut être, mais Korine n’est jamais réellement provocateur, car il nous dégoûte aussi de l’imagerie qu’il façonne, ne pouvant jamais être le reflet parfait du rêve, ayant ses hauts et ses bas fatals, symbole finalement parfait de la faiblesse humaine. Pour appuyer cette fureur, Harmony Korine utilise le même montage parallèle, poussant à l’extrême la cohérence temporelle, qu’il avait esquissé sur le court-métrage Lotus Community Workshop. Sorte de montage en roue libre, gardant une certain cohérence globale temporelle, mais nous dirigeant rapidement sur de fausses idées, des clichés, le résultat final s’apparente vite à un rêve. A chaque instant l’on essaye d’imaginer toutes les possibilités d’une histoire pour mieux en comprendre le sens. Cette roue libre, construite dans une première partie par des idées de mise en scène extravagantes, morphing ou encore found footage, nous prend totalement dans l’histoire que tente de nous faire vivre, et non pas voir, Harmony Korine. Benoit Debie, l’homme qui avait rendu Enter the Void si atypique ou qui très récemment avait fait l’image du délirant Kill the Gringo, signe ce qu’il reste de cette peinture collective.
Sorte d’odyssée folle, dont le terrain, si bien mis en parallèle à la mer, et intrinsèquement, le monde, par Alien, est un endroit dangereux pour de telles filles, pleins de requins prêt à profiter d’elles. Il n’empêche que ces dites-filles, sont loin des enfants de chœur voués à un vice prochain que l’on aurait pu voir évoluer au cours du film. Ces dernières sont déjà ce qu’elles auraient pu devenir à la fin du film, prenant toute sa narration à l’inverse du sens conventionnel. Le coup de feu symbolique, contre-poing sonore, joue avec le montage sur un autre extrême artistique. Durant tout le film, ce son extra-diégétique n’a cesse de nous attirer, de nous déranger, de nous intriguer, et pourtant, quand il est question pour lui, d’intervenir, il se tait, comme un enfant égoïste.

Spring Breakers - 3

Alors qu’il nous a amené jusque là à nous préoccuper constamment d’une menace évidente, son absence soudaine, brutale, remplacée par les derniers mots testamentaires des filles restantes, nous injecte directement dans leurs esprits. Encore une fois, pourquoi s’encombrer du moment présent ? L’instant parfait est passé, et l’on ne peut pas mettre en pause un instant éphémère, il faut donc avancer. Vivre ou mourir. Cette idée du temps permet de manier la tension avec une aisance fascinante, magnifiant cette fugue sauvage, ces aller-retours, incessants, en dehors du contexte et pourtant d’une logique implacable, cet équilibre parfaitement imagé, se rompt aussi parfois, déviant sur des folies de grandeur que l’on créditera derrière l’envie de plaire à un public à l’horizon d’attente inadapté et dérisoire par rapport aux vues et idées du film. Dans un sens, Harmony Korine en appelle à nos faiblesses, et surtout à notre curiosité, pour ensuite se justifier. On en revient à cette idée de faiblesse de nouveau, celle que l’on cache par une violence que l’on ne connaît pas, que l’on ne maîtrise pas, mais qui nous happe une fois que l’on joue avec elle. Spring Breakers n’est pas seulement un film dédié à l’adolescence comme on aurait pu le croire, il est avant tout dédié à cette idée inconsciente de l’échappatoire, de l’envie de tout quitter pour vivre ce que certains appellent la vraie vie. Qui ne voudrait pas vivre la vie de Tony Montana, avoir tout sous la main, contrôler le monde. Bizarrement, on finit par croire en cette spiritualité dont on rie naïvement la première fois qu’il en est question, sorte d’excuse à la débauche environnante, qu’il suffit de jeter sans réflexions pour rassurer sa conscience.
James Franco tient ici un rôle halluciné, digne du personnage mis en image. On aura rarement vu un acteur prendre autant de risques et virer de sa persona habituel avec autant de force. Alien est bien plus qu’un homme persuadé de venir d’un autre monde, il est un créateur façonnant celui dans lequel il vit. A la fois improbable et fou, au-delà d’accessoires et d’une mise en image du personnage totalement aux antipodes de l’acteur en lui même, James Franco tient durant tout le film une ligne de conduite envers ces filles qu’il se met à vénérer, nous empêchant de ne jamais réellement comprendre ses intentions, comme embrumées par un trop plein à évacuer. Vanessa Hudgens, Selena Gomez, Ashley Beson et Rachel Korine n’ont rien à envier face à cet être hors-normes. L’on aurait pu tout de même croire ici que le ratage serait fatal, surtout pour un film reposant autant sur ses acteurs. Après tout, on a là des miss, surtout les deux premières, peu réputées pour leur maturité. Et pourtant, le sérieux des filles est impressionnant, surtout quand l’on sait que la majorité du jeu repose sur l’improvisation. Si les formes sont aussi évidemment un atout indéniable - ne nous voilons pas la face -, leur concentration sur certaines scènes plus qu’équivoques, dont Harmony Korine ne perd aucune bribe, nous oblige à réévaluer le jeu d’une actrice comme Vanessa Hudgens, que l’on aura peut-être eu trop rapidement envie de catégoriser dans l’univers de Mickey.


Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…


Un postulat opportuniste et une communication dédiée à la mauvaise génération avait fait de Spring Breakers le candidat idéal de la palme du film absurde et bien commercial. Mais ce n’était sans compter la présence d’Harmony Korine, qui, dévie de tous les plans logiquement prévisibles, pour nous offrir, à sa sauce, et nous rappelant à certains instants le cinéma de Terrence Malick, une belle expérience visuelle.
Titre Français : Spring Breakers
Titre Original : Spring Breakers
Réalisation : Harmony Korine
Acteurs Principaux : James Franco, Vanessa Hudgens, Selena Gomez
Durée du film : 1h 32min
Scénario : Harmony Korine
Musique : Cliff Martinez
Photographie : Benoît Debie
Date de Sortie Française : 6 mars 2013

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Critique : Le Monde Fantastique d’Oz (Sam Raimi) /critique-le-monde-fantastique-doz-sam-raimi/ /critique-le-monde-fantastique-doz-sam-raimi/#comments Sun, 03 Mar 2013 21:00:59 +0000 /?p=7881 Oz - AfficheIl y a de longues années, Le Magicien d’Oz avait gravé d’une pierre symbolique une nouvelle histoire du cinéma. Illustration du passage en couleurs et d’une partie de la culture américaine lorsque le rêve était autant porteur d’espoir que d’une morale éducative, le film de Victor Fleming était, et restera sans aucun doute la plus belle adaptation possible du roman de Lyman Frank Baum. Si sa suite, Oz, un monde extraordinaire, n’est définitivement pas animée de la même fougue, Sam Raimi lui, ne prétend jamais avoir l’intention d’occulter le chef d’œuvre dont il s’inspire. Car au-delà d’être un simple prequel, Le Monde Fantastique d’Oz n’a jamais l’arrogance de n’être plus qu’un véritable hommage et une simple redescente dans ce monde dans lequel n’importe quel homme rêverait pouvoir s’établir.
Loin d’idées complexes, Le Monde Fantastique d’Oz n’est pourtant pas dénué d’idées morales, écrivant l’histoire de l’homme que l’on résume aujourd’hui par le titre « Magicien d’Oz » : Oscar Zoroaster Phadrig Isaac Norman Henkel Emmannuel Ambroise Diggs ou Oz pour les intimes. Ce magicien de cirque peu scrupuleux, que l’on pourra apparenter sans aucun mal à un charlatan à la recherche du boniment parfait, du tour qui changera sa vie, ne fait que s’échapper constamment de ses obligations, parfait utilitariste dans l’âme.
Oz ne changera pas cette vision du monde qu’a Oscar Diggs, ce sont les rencontres humaines comme étrangères que met en scène Sam Raimi, qui amèneront peu à peu Oscar Diggs sur le chemin du Magicien faiseur de souhaits que l’on connaît aujourd’hui.

Oz - 1

Le travail qu’effectue Sam Raimi est ainsi l’œuvre d’un orfèvre, s’attardant sur chaque instant de son film afin de ne délaisser aucuns moments et personnages. Parsemé de belles envolées scénaristiques, avec des moments de bravoures comme seul sait les manier le réalisateur, l’on retrouve avec plaisir ce traitement si atypique de la narration décalée, basculant ses personnages sur différentes nuances d’humour tout en soulevant divers enjeux dramatiques forts. Sam Raimi, bien loin de s’attaquer uniquement au mythe, offre tout au long de son film une véritable pensée par rapport à la naissance et le contexte de son modèle. Sorte de réflexion artistique à première vue élémentaire, il nous renvoie dès les premières minutes du film à l’architecture du Magicien d’Oz de Victor Fleming. Introduit par une séquence en noir et blanc et suivi d’un univers haut en couleurs, Sam Raimi reprend ce même schéma, comme si il essayait à l’heure du numérique, de nous rappeler l’impact qu’avait ressenti toute une génération face à une telle utilisation du Technicolor. Plus que de simples jeux de couleurs, il se tourne aussi subtilement sur l’héritage même du cinéma aux Etats-Unis. Tous les appareils filmiques, outils de prestidigitations et de foires, dans les mains d’Oscar Diggs, sont bien loin de l’idée que nous, français nous en faisons tels que nous voyons le cinéma sous le règne des frères Lumière. Chez l’Oncle Sam, Thomas Edison, modèle parfait du prestidigitateur qu’Oscar Diggs rêve d’atteindre, est, et restera longtemps, l’inventeur du spectacle cinématographique.
Le récit n’accuse donc aucune grosse baisse de rythme, appuyant une nouvelle fois ses enjeux sur cette envie du spectateur d’en découvrir plus, de ne pas voir cette histoire s’achever si vite. Là est l’handicap d’Oz, malgré ses intentions claires et sa narration scintillante, Sam Raimi nous précipite dans son univers, et enchaîne les péripéties à une trop grande vitesse, nous laissant l’amère impression d’assister à bien trop d’ellipses narratives qui auraient mérité d’être approfondies. Si le personnage d’Oscar Diggs bénéficie d’un travail sans reproche, évoluant de la même manière que la petite Dorothy Gale, découvrant émerveillé ce monde qui lui est offert et découvrant plus qu’il n’aurait pu l’espérer, lui, ne se contente pas de parcourir le chemin de brique jaune. Son ami Finley, le singe volant, fonctionne dès ses premières répliques. En revanche les sorcières, ou bien la petite poupée de porcelaine - malgré une construction scénaristique intéressante - pâtissent du rythme global.

Oz - 2

Néanmoins, si le film s’évertue à garder un trajet dialectique, se voulant explicatif sur les événements du premier film, il réussit tout de même à s’échapper d’un moule trop rigide et refermé pour laisser les choses aller. Une véritable identité née du projet, cette utopie naïve, détruite par les défauts que touchent le commun des mortels, n’a certes pas les même considérations morales et éducative que son original, mais propose tout de même une magnifique identité unique et dynamique, tout en abordant de nouveaux thèmes, mais en gardant cette idée que quiconque vient à Oz se redécouvre et apprend à mieux se connaître. Si la petite Dorothy découvrait avec fascination ce monde, Oz, l’homme de foire, l’homme de prestidigitation, remplace la naïveté candide de cette dernière, par l’amour de ce monde qu’il a toujours rêvé être le sien, afin d’y croire et ne pas se retourner chaque seconde, comme si les ombres de la mort et du délire planaient en réalité sur lui. Car là où l’on ne se posait pas de questions sur la facilité qu’avait une petite fille à imaginer un tel monde, à y croire, pour un homme plus mûr, toute cette idée est fondement du film, un seul doute et tout s’écroule pour le spectateur. Comment faire confiance à un univers dont le protagoniste principal se méfie lui-même?
On pourra pointer du doigt certaines tares visuelles, telles que des soucis d’incrustations, mais au-delà de celles-ci, un tel monde s’illustre que l’on peut facilement les oublier et vivre cette histoire qu’est celle d’Oscar. Ce monde purement féerique, de rêve, où la violence n’a pas sa place ailleurs que dans la nature même de celui-ci, s’avère être une véritable mine d’or, véritable matière à rêver. Il ne faut pas néanmoins déposer sur le film le label « Alice aux Pays des Merveilles », malgré un opportunisme clair de la part du studio référent, et même si les producteurs ne sont pas étrangers à ce soucis, Sam Raimi crée tout un univers cohérent, si bien que l’on aura tendance à voir dans Le Monde Fantastique d’Oz un film amputé de bien d’autres idées et d’architectures. Ces 2 heures ne suffisent clairement pas pour bâtir une chimère si grande que le magicien d’Oz.

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Le film a en revanche un véritable défaut, plus grave que cette envie d’en voir plus, de l’ordre du casting et portant le nom de Mila Kunis. La jeune fille ne convainc jamais - à l’inverse d’un James Franco au sommet de sa forme -, que ce soit dans la première comme la seconde forme de son jeu. Si certains tics du personnage peuvent être intentionnels, son jeu facial, lui, reste bien de l’ordre du surjeu non maitrisé, facilement ébranlable et surtout très pauvre en émotion et seul instant de mauvais goût dans cette peinture jusqu’alors fournie d’idées rendant ce monde concret et fascinant.
Si cette impression nous empêche de profiter pleinement du dernier quart du film, Le Monde Fantastique d’Oz amène si judicieusement son final, que ce dernier équilibre cette tâche indélébile. Tout en mettant ainsi à bas, en détruisant le personnage d’Oz, pour bien recommencer à ses racines, Sam Raimi permet au personnage de réellement exister, d’être bien plus qu’un visage sur un écran de fumée que l’on attend durant deux heures. Car s’attaquer au personnage d’Oz maintient ce risque que le film n’ai pour existence que l’explication des péripéties du film original. Sam Raimi balaye sans difficulté cette peur, et ce par le biais d’artifices aussi concrets que forts, permettant à cette attente de devenir une véritable conséquence de l’heure et demi précédant l’événement, et non pas à une lubie d’un réalisateur quelconque s’attaquant au remake/prequel d’un chef-d’œuvre déjà existant.
Enfin, si l’on remerciera avec un sourire forcé Disney pour l’implication de Mariah Carey dans la promotion du score du film, c’est en revanche avec un sourire honnête que l’on apprécie la réconciliation entre Sam Raimi et Danny Elfman. Après tout, qui d’autre mieux que Danny Elfman aurait pu offrir un score digne de ce nom à un film dans un univers tel que celui d’Oz aujourd’hui ?


Lorsque Oscar Diggs, un petit magicien de cirque sans envergure à la moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie. Tout semble tellement possible dans cet endroit stupéfiant composé de paysages luxuriants, de peuples étonnants et de créatures singulières ! Même la fortune et la gloire ! Celles-ci semblent d’autant plus simples à acquérir qu’il peut facilement se faire passer pour le grand magicien dont tout le monde espère la venue. Seules trois sorcières, Théodora, Evanora et Glinda semblent réellement douter de ses compétences… Grâce à ses talents d’illusionniste, à son ingéniosité et à une touche de sorcellerie, Oscar va très vite se retrouver impliqué malgré lui dans les problèmes qu’affrontent Oz et ses habitants. Qui sait désormais si un destin hors du commun ne l’attend pas au bout de la route?


Après 4 années d’absences, Sam Raimi ne déçoit pas. Malgré quelques faiblesses, ce premier voyage à Oz se déroule à merveille, nous amenant à rêver et à retomber en enfance. Sans une once de prétention, il nous offre un univers captivant dans lequel nous aimerions au final passer plus de temps.
Titre Français : Le Monde fantastique d’Oz
Titre Original : Oz: The Great and Powerful
Réalisation : Sam Raimi
Acteurs Principaux : James Franco, Mila Kunis, Rachel Weisz
Durée du film : 2h 7min
Scénario : Mitchell Kapner & David Lindsay-Abaire d’après l’oeuvre de L. Frank Baum
Musique : Danny Elfman
Photographie : Peter Deming
Date de Sortie Française : 13 mars 2013

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[CRITIQUE] 127 Heures /critique-127-heures/ /critique-127-heures/#comments Mon, 28 Feb 2011 19:24:00 +0000 /wordpress/?p=58 Tout d’abord, il faut que l’on soit d’accord sur un point, le scénario de 127 Heures ne se critique pas, il s’agit de la vie d’un homme. Non, de l’expérience d’un homme pour qui il faut montrer du respect. Donc je ne m’attarderais pas beaucoup sur ce point (peut-être un peu quand j’aurais lu le bouquin).
Ce qui compte, c’est la mise en scène, celle de Danny Boyle, qui nous illustre l’histoire incroyable de Aron Ralston qui va se retrouver seul, bloqué dans un canyon avec un roc lui écrasant la main droite, l’empêchant ainsi de quitter le gouffre où il se retrouve piégé.
On connaissait Danny Boyle pour des films comme Trainspotting, La Plage ou encore Sunshine, mais quel que soit son support, son environnement, on sait qu’il arrive toujours à nous transporter ailleurs, à sa façon.

Mom, Dad, I really love you guys

James Franco incarne donc le personnage de Aron Ralston, bloqué, seul durant ces longues 127 heures avec la nature comme seule compagne. Il ne fait pas que l’incarner, il nous fait revivre avec brio et sueur les évènements qui l’on durement touché. James Franco est ici à des années lumière de tous les rôles qui ont forgé sa carrière. Il est totalement dans son élément, et on peut dire que le film n’aurait pas la même qualité sans son magnifique jeu d’acteur.
Tout ceci passant par les méthodes qu’Aron Ralston avait réellement utilisé lors de cet atroce évènement: sa caméra et son appareil photo que Franco utilise alors habilement pour faire passer l’élément majeur du film: l’émotion.

Pour ceux qui ont suivi l’actualité, on peut regretter que sa performance n’ai pas été recompensée aux Oscars, il lui faudra un certain temps avant de retrouver un rôle comme celui ci.

Revenons sur l’émotion, où plutôt comment elle est mise en avant durant tout le film. Ici, tout marche par le côté visuel et symbolique des choses. Là où Boyle aurait pu aller dans l’excès avec un tel scénario, il contrôle son jeu, sa mise en scène, de manière à ne faire paraître que l’essentiel.
Ainsi, on progresse seul avec le personnage, dans son intimité la plus glauque, on le voit évoluer, sombrer peu a peu dans la folie. Même si le sort a l’air d’être jeté, on ne veut plus l’abandonner, on lui dit intérieurement, tu peux y arriver, tu peux t’en sortir…

Le plus dur ici est de se dire qu’il ne peut y avoir de revirement de situation, de happy end, nous ne sommes pas dans un film d’horreur ou d’action. On peut juste se rassurer en nous disant qu’une fois sortis, tout ne pourra qu’aller mieux.
Et puis il y a une scène, une scène qui en a choqué plus d’un. Une scène particulièrement atroce, et qui, pourtant, m’a littéralement charmé.

Hey there, Aron! Is it true that you didn’t tell anyone where you were going?

Bien sûr,il y a le côté technique propre à Danny Boyle. On commence par une scène d’introduction composée d’un enchaînement de split-screens plus qu’explicatifs sur le caractère du personnage. Et bien sûr, ils montrent tout ce qu’il regrettera ne pas avoir lors de son escapade…
Danny Boyle applique ce qu’il sait faire de mieux, gros plans, grands angles, paysages, en bref tout ce qui compose la mise en scène de nos jours.

La tension que l’on éprouve alors est continue, nous rapprochant encore une fois du protagoniste, non pas par pitié mais par respect pour les nerfs d’aciers qu’il a.
Autre point, personnellement on m’a spoilé la fin du film quelques jours avant que je ne le vois. Malheureusement, ça ne m’a pas du tout ennuyé, au contraire, j’étais constamment dans une attente viscérale.

Un huis-clos grandiose! On ne s’ennuie pas une seconde et on ne voit pas le temps passer. Une histoire prodigieuse, mise en scène de manière inouïe pour un tout qui force le respect.

Titre Français : 127 Heures
Titre Original : 127 Hours
Réalisation : Danny Boyle
Acteurs Principaux : James Franco
Durée du film : 1h34
Scénario : Danny Boyle, Simon Beaufoy d’après l’autobiographie de Aron Ralston
Musique : A.R. Rhaman
Photographie : Enrique Chedia, Anthony Dod, Mantle
Date de Sortie Française : 23 février 2011
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