La saga Sillent Hill a surement été l’une des plus remarquables existantes dans l’univers vidéo ludique. Lorsque le premier volet est arrivé sur grand écran en 2006, réalisé par Christophe Gans, la même peur générique a consommé les fans de la série ou tout simplement les cinéphiles : l’adaptation d’un jeu-vidéo. Paul W.S Anderson avait déjà eu le temps de nous purger à deux reprises avec Resident Evil, et Uwe Boll commençait à se faire son petit nom de prêcheur du mauvais goût en finalisant son ridicule BloodRayne. Mais Christophe Gans est quand même celui qui nous a pondu les loin d’être mauvais Crying Freeman et Le Pacte des Loups. Alors finalement pourquoi pas, et ce fut une véritable surprise. Certes le film était doté de sacrés défauts, mais il avait au moins le mérite de constituer un véritable objet représentant ce que pouvait être une véritable adaptation d’un medium si différent.
Alors il fallait bien s’attendre à une suite, l’idée que Roger Avary écrive le scénario de la suite représentait aussi une marque d’espoir. Mais voilà, la production - surtout Samuel Hadida -, ne voulait pas d’un film de genre. Ce qu’elle voulait fut bien un bon gros film gras pour teenagers. Le premier scénario est ainsi parti à la poubelle. Le nouveau a été écrit par le réalisateur lui-même - exercice déjà difficile en temps normal -, l’incroyable Michael J Bassett, qui nous a massacré il n’y a pas si longtemps Solomon Kane. En somme, Silent Hill Révélation 3D s’annonce bien comme la purge que l’on avait redoutée.

Là où le travail de Christophe Gans sur la conception de la ville qu’est Silent Hill, de sa personnification, était le point fort du premier volet, Michael J.Bassett ne s’attarde pas une seule seconde dessus. Il se contente d’enchaîner l’action vainement sous un trait directeur sans aucune nuance. Il nous raconte ainsi à sa manière Silent Hill, hors de Silent Hill. Une bonne partie se déroulant en dehors de la ville. Les choses ne s’arrangent pas en y entrant. C’est un beau bordel qui nous attend une fois dedans, bordel monstrueux qui n’est finalement pas plus représentatif de cette ville. Ainsi le film n’est déjà pas une seule seconde oppressant, son ambiance est proche de l’inexistence. Incroyablement prévisible, après une demi-heure de temps, l’on commence à comprendre que la seule existence de certains personnages n’est justifiée que pour annoncer un “cliffhanger” à venir, retirant toute profondeur tragique à ces derniers. Cette absence totale de véritables enjeux scénaristiques à travers les protagonistes principaux nous donne l’impression qu’eux-mêmes se perdent peu à peu dans les longs couloirs vides du scénario. Silent Hill : Révélation 3D est à la saga ce qu’est Hellraiser deuxième du nom à la sienne, en poussant un peu plus le ridicule : le coup de poignard dans le dos. Tout ce qui représente une suite mercantile y est trouvable. Personnages principaux encore en pleine crise d’adolescence, rebelles et incompris, changement de vie, bref de beaux clichés. Et pourtant, la direction artistique présente en filigrane est au départ la bonne, jusqu’à ce que le réalisateur l’éclate de part en part sous une montagne d’idiotie, de plans tout simplement improbables dignes des pires séries TV pour ado, et de séquences auxquelles on aurait préféré se crever les yeux plutôt qu’assister. Ces choix artistiques, même si l’on pourra vite leur reprocher d’accentuer tristement sur les habituels contrastes de tons banals, s’appauvrissent au fils du récit, comme si un bras de fer entre l’idée et la pauvreté du marketing se déroulait en temps réel face à nous. Mais un tel combat ne peut pas être éternel, dès que le bon côté succombe, il est alors réutilisé et devient l’outil de banalités astronomiques qui n’ont au final rien à faire ici. Histoire d’enfoncer un peu plus le clou, Michael J.Bassett s’autorise en plus la petite quenelle, montrant que Silent Hill, ça le connait. On passera d’ailleurs outre l’idée saugrenue de changer les noms des personnages principaux simplement pour leur faire porter l’image des personnages du jeu-vidéo (Da Silva devenant Mason).

Le manque d’idée, et surtout de références, du réalisateur se fait sentir lorsqu’il fait intervenir de manière totalement improbable un personnage de la saga nommé Travis Grady. Il nous vient de l’épisode nommé Origins, sans s’étaler sur le sujet, il s’agit là de l’un des épisodes les moins appréciés, voir même détesté de la saga. Et histoire de montrer qu’il s’agit bien d’une suite au premier opus, au-delà des quelques premières minutes, interviennent certains acteurs du premier volet dans des caméos inutiles et nous rappelant de nouveau ô combien ce volet ne nous réserve aucune surprise. Ce n’est pas non plus l’apparition du grand Malcom Macdowell qui va rattraper la donne, à peine apparait-il qu’il disparait quelques minutes après dans un artifice scénaristique aussi fou que le nom de l’objet qu’il transmet à notre héroïne : le Métatron - que j’avais personnellement compris “Mégatron”, ce qui aurait pu nous offrir un magnifique crossover tant qu’on y est -. Et Alessa dans tout ça ? Et bien la petite est déportée au rang de rôle quasi secondaire, elle ne serait pas apparue que l’on en aurait pas fait la différence, pourtant personnage principal du précédent film. Son apparition, encore plus brève que Mr.Macdowell, symbolise à peu près la totalité du film : l’anéantissements de tout ce qu’il y avait de bon. Histoire de parfaire la chose, la direction artistique commerciale, emboitant le pas à la première, s’amuse à extraire des personnages de l’univers de Del Toro. Autant rapprocher le film à Hellraiser 2 est léger, tenant du simple outil de comparaison - quoi que certaines scènes, et surtout les costumes de nos “méchants” nous rappellent fortement l’univers de Barker - cette dernière semble totalement assumé et risible. Enfin, le Pyramid Head bien glauque du premier volet revient, mais cette fois… attention au choc, il représente le salut de Heather Mason, en tant qu’ami, et devient le gardien protecteur de notre héroïne face à un monstre sorti des Power Rangers interprété par la pauvre Carrie-Anne Moss ! Oublions aussi sa nouvelle faculté de téléportation lui permettant d’être à mille endroits à la fois. Après avoir été aussi saignant sur le film, faut-il revenir sur la particule “3D” du titre ? Celle-ci se résume à des arbustes en premier plan histoire de bien gâcher les cadres - pas forcément extraordinaires -, et à une lampe torche qui deviendra vite l’ennemi juré de vos yeux si ils ne décèdent pas avant la fin du film.


Depuis son plus jeune âge, Heather Mason a l’habitude de changer d’adresse très souvent avec son père. Sans vraiment savoir pourquoi, elle fuit. Pourtant, cette fois, elle est piégée. Pour sauver celui qui avait toujours réussi à la protéger et découvrir qui elle est vraiment, Heather va devoir affronter un cauchemar qui devient de plus en plus réel… Silent Hill.


Après tant de mauvais goût, d’idées pauvres et finalement le parfait massacre de l’une des rares sagas vidéo ludique, si ce n’est la seule, qui pouvait se vanter d’avoir un film honorable, et bien il ne reste plus grand chose. Tout cela n’aura finalement pour effet que d’attiser notre curiosité tout au long du film sur la forme du scénario original, seul héritage amputé à cet épisode et qui aurait bien pu le sauver.
Titre Français : Silent Hill : Révélation 3D
Titre Original : Silent Hill : Revelation
Réalisation : Michael J. Bassett
Acteurs Principaux : Adelaide Clemens, Sean Bean, Kit Harington
Durée du film : 1h 34min
Scénario : Michael J. Bassett
Musique : Jeff Danna
Photographie : Maxime Alexandre
Date de Sortie Française : 28 novembre 2012

A propos de l'auteur

Rédacteur stellaire, parle cinéma, jeux-vidéo et de bien d'autres choses inutiles. Dirige entre autres les larbins qui enrichissent ce blog fondé quelque part aux environs de l'an de grâce 2011. Raconte des bêtises sur @noxkuro

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