[CRITIQUE] Sherlock Holmes 2 : Jeu d’ombres

Re-voilà Guy Ritchie sur le devant de la scène, et de nouveau avec le personnage de Sherlock Holmes dans cet épisode nommé Jeu d’Ombres. Comme je l’avait dit dans mon dossier concernant le personnage de fiction, il s’agit surement de la dernière occasion pour Downey.Jr de prouver qu’il est fait pour incarner le personnage de Holmes.
Mais voilà, à la différence des anciennes adaptations du personnage, tout ne repose pas sur son jeu d’acteur, Ritchie joue dans sa cour, et ce n’est bien sûr pas pour nous déplaire, mais son intervention excessive visuellement, change bien la donne. De nouveau, on est bien loin du personnage tant rêvé par les amateurs des écrits de Conan Doyle, que ce soit au niveau de son univers que de son esprit.Mais soit, on sait Ritchie habitué à assumer ses idées jusqu’au bout ne lâchant rien jusqu’à la fin, même si tout peut en être dénaturé au final.
Il est bien sûr impossible de ne pas penser un instant à la série Sherlock quand notre avis se forge sur le film, mais tachons de minimiser cet effet, la manière dont sont abordés ces deux travaux étant totalement différents. D’un coté nous avons un blockbuster, de l’autre une série qui veut, peut-être de la même manière, revisiter l’univers de Sherlock mais qui porte ce concept jusqu’à dans sa trame, l’époque abordée étant celle que l’on côtoie chaque jour. Mais nous en parlerons bientôt dans un article traitant de la première saison, et donnant notre avis sur le premier épisode de la seconde.

Alors que le grand Sherlock Holmes n’a plus grand chose à faire et que son acolyte le cher Watson a quitté le fameux 221b Bakerstreet pour emménager chez sa compagne, une ombre semble s’étirer de plus en plus sur les ruelles de Londres, celle du professeur Moriarty. Nullement caché, toujours à la vu de tous, ce criminel consultant doté d’une intelligence à rivaliser avec celle de Holmes, semble s’intéresser de plus en plus à celui qui nuit à ses affaires.
Le duo va donc ainsi se reformer, et va s’intéresser de prés à ce qui fait la une de la presse, ce qui fait indirectement la publicité de ce personnage mystérieux. Car si pour le commun des mortels, il ne s’agit là que d’un attentat, d’un décès, et autres, pour Holmes, les jeux sont clairs, Moriarty l’appelle.

Ce nouveau volet n’est pas vraiment une suite comme on en qualifierait une normalement, pratiquement aucun lien n’est réellement tissé avec son ainé, une autre affaire, une autre histoire. Même si la base de cette seconde histoire reste tout de même du fait du premier: le mariage de Watson.
Ce sujet prédominant tout le reste dès le début de le l’histoire, on comprend sans peine dès les premières minutes qu’il va s’agir de l’élément clé du film, ou tout du moins le sujet de nombreuses discussions qui vont suivre. Si nous oublions rapidement cet élément source de situations souvent ridicules, nous n’oublions pas notre attente originelle en vue du film: l’apparition de Moriarty.
Et quelle triste illustration du personnage, ce personnage clé du récit oscille entre le gros nounours et… pas grand chose en fait, bien loin de la prestance de son père: le défunt Richard Harris. Guy Ritchie s’est étrangement calmé sur ce personnage, beaucoup trop, même si on pourrait déjà de base critiquer le choix de l’acteur en soit souvent de marbre ou très peu expressif, on y verra un Moriarty quelconque, bien loin de la folie que notre réalisateur à pu dépeindre avec ses félons, comme dans Snatch.

Autre personnage étonnant, en ne s’attardant pas trop sur le personnage incarné par Noomi Rapace, la première Lisbeth, qui malheureusement pour elle est dénuée de tout sens pratique, simple excuse pour engendrer une suite d’évènement, c’est dans le personnage de Myrcroft Holmes incarné par Stephen Fry que l’on est étonné, car il s’agit paradoxalement de celui qui a eu la charge de représenter la folie de l’interprétation de Ritchie: antagoniste à son original, si l’intelligence est toujours là, on est très loin du dandy qu’il devrait incarner, il tient plus d’un égocentrisme décuplé.


Mais revenons en à notre histoire, cette dernière manque malheureusement elle aussi de finesse, bien sûr le coté blockbuster est omniprésent, mais beaucoup de scènes sont parfois dénuées de tout sens et il est dur de les relier ensemble, la conclusion amenant à la réflexion de tout ce qui a pu se passer au fil du récit restant comme dans le premier épisode le seul élément réellement travaillé. Le destin de certains personnages clés, surtout au début du récit sont eux aussi assez flous, et la débilité dont font souvent preuve de nombreux personnages figurant est simplement affligeante. Mais Ritchie joue d’une main de maitre sur son final, car il nous renvoie, à tous ceux connaissant l’œuvre de Doyle, pour la première fois à l’un de ses récits, et l’un des plus importants, je n en dirait pas plus. Mais il y a plus que ça, car une fin de ce style n’aurait pas collée avec le style qui le démarque autant des autres réalisateurs. Habilement, il clos le final avec une dernière scène nous renvoyant de nouveau au personnage atypique que Robert Downey.Jr incarne avec succès.

Car l’une des qualités majeures, avec la réalisation sur laquelle nous reviendrons plus tard, c’est bien le jeu de Robert Downey.Jr, ce dernier assume totalement, et illustre avec brio la détresse de ce personnage bien loin du Sherlock Holmes dont nous avions l’habitude, toujours sûr de lui. Ce dernier ne pense pas comme à son habitude, un peu à la manière du Mission Impossible de Brad Bird, son cycle est brisé, à chaque fois qu’il a recourt aux techniques qu’il a pu avoir dans le premier épisode, rien ne se passe comme prévu, que ce soit à cause de son ennemi ou d’un élément extérieur. Il ne maitrise jamais réellement toute une situation, il devient en somme plus humain, même si parfois des idées totalement impensables et incroyables continuent à affluer dans sa petite tête nous étonnant toujours.
Son compagnon Jude Law lui, incarnant de nouveau le docteur Watson, est paradoxalement mis totalement de coté alors qu’il devrait être l’un des personnages à ne pas manquer. Il devient plus comme le personnage d’origine, un observateur, relevant les faits parfois incompris pour les spectateurs. Surtout que comme je le disais, la relation des deux personnages est d’autant plus houleuse, étrange, connotant parfois d’une attraction certaine, ce qui n’est pas un défaut, mais n’apporte pas grand chose au récit.


Mais à coté il y a la réalisation de Guy Ritchie, et plus particulièrement cette scène que l’on aperçoit dans le trailer, la scène de la forêt, à première vue brouillonne elle dénote ensuite d’une logique de cadrage et de concepts mis bout à bout avec perfection pour ne jamais nous perdre et nous couper le souffle l’espace d’un moment. Les scènes de perceptions réflexions sont elles aussi au rendez-vous, mais comme indiqué plus haut, jamais elles ne se déroulent comme elles le devraient, et surtout quand il se retrouve face à Moriarty, ce qui se passe sans réellement arriver est impressionnant dans sa fluidité et dans son mouvement de caméra.
Enfin, techniquement, la photographie dirigé par Philippe Rousselot déjà à l’oeuvre sur le premier Sherlock Holmes de Ritchie ou encore le très bon Entretien avec un vampire, vacille à la manière de Moriarty, certaines scènes, notamment tout le travail effectué sur les villes d’Europe, ce caractère sombre et brumeux est à retenir, mais la plus part du temps, les couleurs deviennent incontrôlables, surtout le bleu que l’on retrouve sur la deuxième partie du film, véritable preuve de mauvais goût.
La musique de Zimmer fait de nouveau son travail avec efficacité, à l’opposé de sa première bande son, il signe ici le même revers de manche qu’avec les deux premiers épisodes de Batman par Nolan.

Tout le travail de Ritchie fini par faire perdre à ce film ce qui est réelement le plus important, Holmes, et celà au profit du grand spectacle, qui même si il est souvent maitrisé, n’est jamais que l’ombre d’un certain manque d’assurance et de risques.
Titre Français : Sherlock Holmes 2 : Jeu d’ombres
Titre Original : Sherlock Holmes: A Game of Shadows
Réalisation : Guy Ritchie
Acteurs Principaux : Robert Downey Jr., Jude Law, Noomi Rapace
Durée du film : 02h07min
Scénario : Michele et Kieran Mulroney d’après l’oeuvre de Arthur Conan Doyle
Musique : Hans Zimmer
Photographie : Philippe Rousselot
Date de Sortie Française : 25 Janvier 2012

About Nox

Rédacteur stellaire, parle cinéma, jeux-vidéo et de bien d'autres choses inutiles. Dirige entre autres les larbins qui enrichissent ce blog fondé quelque part aux environs de l'an de grâce 2011.
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2 commentaires

  1. Sans être le film de l’année, je qualifierai ce Sherlock Holmes comme un bon divertissement.

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  2. Pour partager ma passion pour les aventures de Sherlock Holmes, avec le plus grand nombre de lecteurs, je propose, gratuitement, au format EPub et Pdf, une correspondance fictive mais pertinente, entre Sir Arthur Conan Doyle et le personnage qui l’a rendu célèbre, Sherlock Holmes.

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    http://www.oxymoron-editions.com/bonus.html

    N’hésitez pas à partager les fichiers ou le lien avec tous vos ami(e)s.

    Merci.
    Kamash.

    Répondre

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