120X160 Rempart C« I’ll be back », ce petit bout de phrase, simple, court et pourtant si fantasmé a pris aujourd’hui l’ampleur et l’image d’une campagne marketing rêvée sur plusieurs dizaines d’années. Le « I’m back » a ainsi fait son effet un peu partout lorsque le Terminator autrichien a commencé à sortir le bout de son nez. Avec The Expendables 2 il n’était que caméo, à la fois un pied dedans et un pied en dehors du projet botoxé de son copain Sly. Et pourtant, ce bon Bruce Willis avait bien raison en lui répondant « You’ve been back enough » alors que le film profitait une énième fois avec mépris des punchlines qui avaient tant marqué notre culture. C’est surement en pensant à son nouveau film : Le Dernier Rempart, que faisait référence Bruce Willis en lui répondant cela.
Et pourtant, derrière la caméra, il y avait l’homme qu’il fallait pour nous faire rêver : Kim Jee-woon, ce coréen dont la filmographie impose le respect internationalement, et ce, dans bien des genres avec des films tels que J’ai Rencontré le Diable ou Le Bon, La Brute et le Cinglé. Mais voilà, avec le temps, on a pu voir que les réalisateurs contemporains asiatiques s’échouant sur le continent américain avaient souvent tendance à se planter face contre terre lors de leurs tentatives, découvrant amèrement le système de production occidental. Dans ce rôle, Lorenzo di Bonaventura, presque aussi important que Schwarzy lui même, est surement la main entravant entièrement la fièvre créatrice de Kim Jee-woon et nous amenant à considérer à tort ou à raison le film comme ce qu’il est sans doute : un film de commande dans son moins bon sens.

Le Dernier Rempart - 1

Schwarzy est un l’une de ces icones dont on a oublié la véritable qualité, bonne ou mauvaise, avec le temps, Terminator, True Lies, Conan ou encore Last Action Heroes l’ont amené à un statut aujourd’hui incontestable. Pourtant, Le Dernier Rempart vient nous rappeler froidement sa vraie nature et son jeu trop souvent artificiel pour paraitre une seconde naturel quand il est question d’aligner deux mots de dialogues. L’acteur, de retour de sa retraite, doit faire face à ces défauts qu’il a su cacher en débutant sa carrière via des rôles plus muets que parlants, lui laissant le temps d’apprendre les ficelles du métier et de devenir le colosse qu’il était. En plus d’avoir pris un coup de vieux, normal à son âge, transparaissent de grosses lacunes, n’hésitant pas à en faire des caisses pour se rassurer derrière un jeu plus qu’approximatif. Heureusement, le film ne se consacre pas trop et ne repose pas que sur Schwarzy, exit les blagues qui supportaient à elles seules, avec honte, le maigre scénario de The Expendables 2, qui auraient facilement pu être débitées à la seconde vu que le personnage semble être plus intéressant par son background plutôt que par son avenir aux yeux de nombreux producteurs. Cette retenue est sans doute l’une des rares qualités du film, jusqu’à ce qu’il se permette enfin de démarrer après que la moitiée du film se soit déjà écoulée. Pour cela, on remerciera Johnny Knoxville (Jackass) et Luis Guzman (Boogie Nights), avant qu’ils ne laissent la main à un Schwarzy un peu plus éveillé et nous rappelant enfin ses plus belles heures le temps de quelques scènes. Mais une fois encore, rien de vraiment dingue au final. Tout du moins, rien qui ne nous rappelle pas déjà quelques passages de Le Bon, la Brute et le Cinglé. Le film n’arrive jamais à assumer cette aspect second degré avec lequel il jongle par moments, avant de redevenir faussement sérieux à travers son scénario aussi bourrin que lourd.

Le Dernier Rempart - 2

Et pourtant, par ses plans, ses idées de montages, ses jeux de champ contrechamp, Kim Jee-woon s’amuse de nouveau avec les règles du western et fait un travail propre, aidé de Ji-Yong Kim avec qui il a travaillé sur A Bittersweet Life, stylisant avec brio le passage du film : la course, ou voitures deviennent destriers lors d’un dernier duel. Cette vision, en filigrane est d’autant plus frustrante lorsque l’on voit les rendus médiocres dont s’est contenté la production lors de quelques passages requierant l’utilisation du fond vert. L’on ne pourra pas tout reprocher à la production, Kim Jee-woon, reste bien loin de ses plus grands films, malgré la matière qu’il avait entre le main, lui permettant le temps d’un film de réaliser un bon film d’action old-school. Alors que tout le film repose sur cette idée, du « dernier rempart », la tension autour de cette ville n’est jamais vraiment évidente, le déroulement de l’histoire, téléphoné et prévisible, ne s’impose jamais comme une véritable guerre entre ce petit comté et l’icône d’une mafia moderne. Faute surement à Eduardo Noriega, le dit chef, trop peu charismatique, et anecdotique pour s’imposer face à la carrure de Schwarzy. Il ne faut pas non plus chercher dans Le Dernier Rempart quelconque étude de tout ce trafic illégal frontalier entre le Mexique et les Etats-Unis. Bourrin, survitaminé lorsqu’il s’autorise enfin à décoller, le film ne dépasse malheureusement jamais l’idée d’une scène, trop léchée et calibrée pour transporter le tout un peu plus haut et devenir le véritable hommage à toute une génération.


Un shérif américain vivant prêt de la frontière mexicaine tente d’arrêter le chef d’un cartel de drogues avant que celui-ci ne s’échappe à Mexico.


L’on attendait du Dernier Rempart pas grand chose, et le résultat ne dépasse pas nos attentes, le film n’a finalement pour visée que de ramener Arnold Schwarzenegger d’entre les morts, histoire de le mettre un peu en avant pour son propre projet : la suite de Conan. À Kim Jee-woon, l’on souhaitera de ne pas trop s’embourber dans le système américain.
Titre Français : Le Dernier Rempart
Titre Original : The Last Stand
Réalisation : Kim Jee-Woon
Acteurs Principaux : Arnold Schwarzenegger, Forest Whitaker, Johnny Knoxville
Durée du film : 01h47min
Scénario : Jeffrey Nachmanoff et George Nolfi d’après un sujet d’Andrew Knauer
Musique : Mowg
Photographie : Ji-Yong Kim
Date de Sortie Française : 23 Janvier 2013

A propos de l'auteur

Rédacteur stellaire, parle cinéma, jeux-vidéo et de bien d'autres choses inutiles. Dirige entre autres les larbins qui enrichissent ce blog fondé quelque part aux environs de l'an de grâce 2011. Raconte des bêtises sur @noxkuro

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