Avec Microcosmos, Claude Nuridsany et Marie Pérennou, tous deux francophones, nous ont prouvés que l’on pouvait aborder le cinéma sous tous les angles possibles, entre autres ici celui des insectes, et par principe, l’infiniment petit tout en s’immiscant peu à peu dans le monde du cinéma.
Et ils reviennent sur le même principe avec La Clé des Champs, qui est pour eux, un véritable aboutissement de leur concept.
Mais cette fois-ci, pas question de se limiter à l’infiniment petit, tel les scientifiques qu’ils sont à l’origine, ils cherchent à ouvrir au maximum leur expérience afin d’en tirer le plus de conclusions et de résultats possibles.
C’est ainsi qu’ils décident de mettre en œuvre l’humain aux côtés de l’infiniment petit, de mettre en relation ces deux mondes et de montrer que leurs cohabitations et leurs complémentarités sont nécessaires à l’homme.

Un jeune garçon, et une jeune fille, qui tous deux partage cette même appréhension de la solitude se rapprochent peu à peu à cause d’une mare abandonnée. De celle-ci naît une véritable fresque ou encore une pièce de théâtre vouée à leur imagination.
La petite marre devient alors un univers unique où créatures et merveilles se côtoient, où les reflets du monde, tel un miroir difforme, se retrouvent ici par le biais de la vision de ces enfants.
Alors que tout n’était qu’observations et sentiments, l’idée de l’évolution nous est insufflée, les deux jeunes en tireront leurs expériences, éphémères mais importantes.

En soit, il n’y a pas grand chose à voir dans le scénario, Nuridsany et Pérennou utilisent comme support l’apologie à un univers que l’on aborde étant jeune et qui finit par nous quitter dans la majeure partie des cas : l’imaginaire.
Certain apprécieront ce rappel, auront soudain ce sentiment de perte, d’autres n’y trouverons aucun réconfort et n’y verront simplement qu’une farce qui ne les concernent plus depuis bien longtemps.
Mais grâce à ce conte où la nature et l’humain sont mis en avant, nos deux réalisateurs se permettent une interprétation magnifique de ces deux facettes du miroir.

On a véritablement deux parties totalement différentes, d’une part on a ce coté naturel, coté qui étrangement nous rappel parfois notre société.
Mais il arrive parfois que l’on ai l’impression soudaine de se retrouver devant un excellent documentaire de chez National Geographic, mais seulement spontanément, la finesse du tournage et surtout le temps qu’ils leurs ont dévoués nous fait totalement oublier ce petit défaut.
On notera simplement les saccades qui arrivent de temps à autres surement du à la manière de tourner et surtout la longue attente précédent le « jeu » de ces « acteurs » plus égoïstes de leurs beautés que jamais.

De l’autre coté il y a ces deux enfants, véritables porteurs du message et de l’imaginaire du film. Pas un mot n’est dit, tout n’est que regards, simplicité et jeux épurés. Une belle performance de la part des deux enfants, Simon Delagnes et Lindsey Henocque.
En revanche tout découle ensuite de la narration réalisée par Denis Podalydès, qui, telle une fable qu’il serait en train de nous raconter, nous happe peu à peu dans les méandres de cet imaginaire fou.

Le film n’a rien à se reprocher au niveau de l’image, chaque parcelle de plan a son utilité, son but. Rien n’est laissé au hasard. Et certaines semblent être l’illustration parfaite de notre imagination…
Mais si il y a bien un élément que l’on ne peut pas survoler, c’est sa musique, ses bruitages. Car tout ici remplace la voix des « acteurs » qui en sont dénués, au point même de nous renvoyer à des éléments familiers, donnant à notre imagination le rapprochement nécessaire et surtout naturel que l’on fait. Le compositeur, Bruno Coulais, devient ainsi poète.

Mais tout n’est pas blanc, La Clé des Champs est certes doté de deux parties fantastiques et extraordinaires, mais quelque chose pèche. Ces deux imaginaires ont du mal à cohabiter. Alors qu’il s’agit du thème principal du film, essayant de nous renvoyer vers un monde que l’on a perdu depuis bien longtemps, les transitions sont parfois laborieuses, surtout lorsqu’elles passent par la musique. Car en un instant une musique peu devenir désuète si elle n’est pas adaptée à ce que l’on nous montre et c’est ce qui arrive à de nombreuses reprises.

On sort hésitant d’un tel film, qui, avant de proposer un scénario sans faille, veut avant tout nous faire penser.
On a d’un coté un véritable théâtre animal, et de l’autre une valse dédiée à un imaginaire éphémère qui nous quitte et nous hante. Mais misent bout à bout, ces deux histoires semblent parfois se battre, elles n’arrivent jamais vraiment à se marier, et c’est là peut être le seul défaut de ce film.

 

Titre Français : La Clé des Champs
Titre Original : La Clé des Champs
Réalisation : Claude Nuridsany & Marie Pérennou
Acteurs Principaux : Lindsey Henocque, Simon Delagnes
Durée du film : 1h21min
Scénario : Claude Nuridsany & Marie Pérennou
Musique : Bruno Coulais
Photographie : Claude Nuridsany, Marie Pérennou, Laurent Desmet et Laurent Charbonnier
Date de Sortie Française : 21 Décembre 2011

A propos de l'auteur

Rédacteur stellaire, parle cinéma, jeux-vidéo et de bien d'autres choses inutiles. Dirige entre autres les larbins qui enrichissent ce blog fondé quelque part aux environs de l'an de grâce 2011. Raconte des bêtises sur @noxkuro

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