Ce serait mentir que se dire que les slashers ont tous aujourd’hui la même fraîcheur qu’antan, qu’ils ont toujours ce petit quelqueschose qui les rendent si intrigants et déroutants. Aujourd’hui, ce genre se perd peu à peu, en enchaînant des films tous aussi peu originaux les uns que les autres, un peu comme dans une spirale sombrant sur des intrigues basiques et souvent identiques, ou alors en devenant peu à peu ce qui fait le cinéma d’épouvante d’aujourd’hui, basé sur du torture-porn en rafale. Le petit groupe d’ado partant dans la forêts tombant nez-à-nez avec une quelconque entité humaine ou démoniaque, on en bouffe encore et toujours. Carpenter, le maitre de l’horreur, lui même nous l’a prouvé il y a peu avec son très moyen The Ward, film d’épouvante qui, au final, se trouve être un gros patchwork de ce qui a fait l’excellence de deux générations entre lesquelles il se trouve, et surtout se perd.

Mais au-delà de cet engouement à l’épuisement d’un genre, quelques petites lueurs scintillent depuis peu. Pas de la même manière que certains auraient pu le prévoir, car au lieu de simplement révolutionner ce genre, c’est de manière détournée, non-conventionnelle, et en utilisant habillement ces codes tant critiqués, que certains films font leurs chemins et prouvent qu’il est tout a fait possible, avec un minimum de volonté de nous offrir différentes solutions à ce manque.

La Cabane dans les Bois de Drew Goddard, qui travaille ici sur son premier long métrage après son travail de scénariste sur des séries comme Lost, et co-écrit par Joss Whedon à qui ont doit le récent Avengers, se place directement dans cette lignée, dans laquelle l’on peut aussi compter le récent Tucker & Dale. Sur le fond, tout débute comme ces slashers sans intérêt : un groupe de jeune décide de partir en vacances, il rencontre le type inquiétant qui va leur annoncer que le lieu est maudit, malsain, que faire demi-tour est leur seule solution viable. Et à-partir de là, on ne peut plus parler de ce film, et en faire l’éloge, sans « spoiler » un peu la trame (ce qui est un grand mot, vu que l’on comprend tout ce dont je vais vous parler dès les premières minutes ou à travers les trailers). Donc si vous voulez profiter totalement du film, arrêtez-vous ici, allez le voir, puis revenez nous lire.

Car c’est là où La Cabane dans les Bois prend tout son intérêt, Goddard et Whedon nous mettent dans une situation dans laquelle nous avons l’habitude, pour ensuite la renverser totalement, pour s’intéresser à ce qui se passe derrière le décors. Car la véritable thématique du film est loin celle de nous offrir une histoire quelconque digne des plus gros navets du genre, mais plutôt dans un sens de nous expliquer leur existence. Car à travers un scénario doté d’un fond et d’idées intéressantes, et surtout assumés constamment du début à la fin du récit, c’est bien la fabrication et les rouages d’une société productrice de slashers qui nous est dépeint.

L’utilisation des clichés, la composition même du groupe de jeune, leus situation, tout cela est clairement un outil de fabrication, la société est le réalisateur, et la mort de ces jeunes le show offert à son public.
Rien n’est laissé au hasard, les ficelles du genres sont habilement tendues au moment où nous l’attendons le moins, créant une lecture au récit bien plus intéressante que ce pour quoi nous allons voir un film comme celui-là.  Car sur son final, ce n’est pas seulement au cinéma d’épouvante que le film rend hommage à différents genres et différents monuments du cinéma, les allusions à Shining sont évidentes et la concept de The Truman Show n’est absolument pas réfutable.

Mais nous ne sommes pas seulement face à une utilisation bête et méchante de ces éléments, il ne s’agit pas d’un puzzle où l’on aurait enchâssé toute l’excellence d’autres récits, La Cabane dans les Bois est doté d’une vrai écriture qui lui est unique, d’une efficacité incroyable qui arrive même à instaurer un humour à travers certaines scènes incroyablement bien placées. Qui plus est, ce scénario est incroyablement bien porté par notre groupe d’acteurs, car la tache pour eux n’est pas facile, ils ne doivent pas donner dans un premier temps un jeu unique, ils ne peuvent pas donner une âme à leurs personnages durant le récit, car chacun d’eux est la représentation d’un cliché du genre : la blonde idiote, le baraqué sans peur, l’abruti, etc… Mais malgré cela, il nous est impossible de ne pas succomber devant Kristen Connolly interprétant Danna, ou de se prendre d’affection et de rigoler devant Fran Krantz alias Marty le démembreur.

La Cabane dans Bois nous invite constamment à observer les deux faces de ce genre, à jouer le rôle d’arbitre. Car on pourrait résumer de manière barbare que ce film est l’envers du décors, le making-of des films du genre. Le duo Goddard & Whedon maîtrise les sujets qu’ils abordent  pour nous maintenir en tension tout le long du film de manière intelligente. Surement l’une des meilleures solutions pour réussir à surprendre tous les amateurs du genre, même ceux l’ayant abandonné pour chercher des sensations fortes ailleurs. 
Titre Français : La Cabane dans les Bois
Titre Original : The Cabin in the Woods
Réalisation : Drew Goddard
Acteurs Principaux : Kristen Connolly, Chris Hemswort, Fran Kranz
Durée du film : 01h35min
Scénario : Drew Goddard & Joss Whedon
Musique : David Julyan
Photographie : Peter Deming
Date de Sortie Française : 2 Mai 2012

A propos de l'auteur

Rédacteur stellaire, parle cinéma, jeux-vidéo et de bien d'autres choses inutiles. Dirige entre autres les larbins qui enrichissent ce blog fondé quelque part aux environs de l'an de grâce 2011. Raconte des bêtises sur @noxkuro

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