[CRITIQUE] Drive

Le voilà enfin sorti, ce film qui a reçu un franc succès quasi unanime : Drive. Diffusé à Cannes en mai, le dernier né du réalisateur Nicolas W. Refn s’est depuis fait un nom grâce au bouche à oreille. Alors c’est tout à fait normal que les attentes concernant la qualité du film soient fortes. Le film n’avait alors à sa sortie que deux possibilités : être un flop monumental du coté public ou conquérir totalement ce dernier. Le résultat ? Je vais être franc dès maintenant pour ne pas m’encombrer du suspens de la conclusion pendant que vous lisez le reste de l’article : Il s’agit pour moi du film de l’année.
Petit point intéressant à soulever avant toute chose, Refn n’était pas à la base destiné à l’adaptation de ce roman éponyme, il s’agissait de Neil Marshall (Centurion). Mais à l’arrivée de Ryan Gosling au casting, en remplacement de Hugh Jackman, il a de lui même proposé Nicolas Winding Refn au rôle de réalisateur alors que Drive se retrouvait au même moment orphelin de son précédent réalisateur.
En voyant cela, il est intriguant de s’imaginer à quel point Drive aurait pu être un film diamétralement opposé à notre Drive, il aurait pu être un film, comme certain le disaient, semblable au Transporteur.

Le Driver, il s’agit d’un homme mystérieux. Alors qu’en journée il alterne travail de cascadeur et de mécanicien, quand la nuit tombe, il devient ce qu’il est vraiment, et alors son titre de Driver prend tout son sens. Il conduit les malfrats et les truands qui ont besoin de son talent unique, mais pas sans conditions ! Ce dernier ne leur laisse que 5 petites minutes pour leur offrir ses services, mais s’engage pendant ce laps de temps à tout faire pour eux, en excluant d’office le fait de porter armes et argent.
Cet homme dont on ne connaît rien, supporté par un certain Shannon, commence peu à peu à côtoyer sans le savoir des gens peu recommandables. Au même moment, il rencontre la jeune Irene et son fils, ses voisins de palier. Il commence alors à s’attacher à un but matériel, mais dès que le mari d’Irene sort de prison, tout commence à s’effondrer peu à peu, les choses se précipitent, il doit, pour le bien d’Irene et de sa famille, enrôler son rôle du Driver.

En soit, le speech de base de Drive, n’a rien d’extraordinaire, il est même plutôt banal et va même jusqu’à simplifier le récit original de James Sallis. Mais là où un autre réalisateur se serait contenté d’en faire un film d’action tout aussi banal, notre réalisateur lui, en a profité pour compléter cette lacune par son génie. Refn s’est donné une totale liberté afin de faire de Drive une oeuvre au final toute aussi personnelle que ses précédents long-métrages. Mais, il est possible que pour certains, ce macroscopique défaut en rapport avec le reste du film puisse déranger.
Finalement ce défaut est véritablement insignifiant en prenant du recul, Drive étant tourné de manière magistral. On est face à une véritable expérience visuelle et sentimentale à travers laquelle, nous autres spectateurs, sommes entièrement englobés.
Par exemple, sans trop en dire, Drive comporte bien évidement des courses poursuites, mais dans celles-ci, Refn nous fait comprendre que ce qui importe, c’est avant tout l’humain à l’intérieur de la machine, et pour se faire il tournera la majeur partie de ces dernières de l’intérieur en se focalisant sur l’humain. (Alors qu’il n’a eu que 2 jours pour les tourner !)

Ainsi, Nicolas W. Refn part sur le même principe que Valhalla rising, épurer un maximum le film afin de ne pas s’encombrer du dispensable et n’aller ainsi qu’à l’indispensable. L’exemple le plus flagrant de cette continuité se trouve dans les dialogues. Ces derniers ont étés filtrés autant que possible afin d’aller toujours à l’essentiel et de créer une ambiance très particulière totalement dirigée sur les personnages, sur leurs mouvements, leurs apparences, leurs réactions. Dans la même branche, il y a les armes à feu. Leurs apparitions sont très limitées, mais à chaque fois que l’on en aperçoit une, le rythme du film est totalement brisé. Car Drive repose aussi sur un rythme très particulier, à la fois éphémère et profond, qui repose presque entièrement sur la performance des acteurs avant même de reposer sur les performances de Refn.

Bien sûr, il sait les mettre en valeur par ses techniques habituelles, contre-plongée, éclairage léger, et il participe activement à leurs cotés.
Mais quels acteurs ! Car dans Drive, par ce principe, pas un seul protagoniste ne fait figure  d’accessoire, tous ont leur importance, pour peu qu’ils apparaissent à l’écran plus de quelques minutes. De plus, ce film parle aussi d’une romance, une romance naïve et incorruptible entre deux êtres que rien ne semble relier.
Il est évident que Ryan Gosling est l’acteur du film, il crée un justicier sans pareil. Le personnage du Driver est plus que profond et exceptionnel. Gosling ne laisse paraître pas la moindre once d’hésitation, de la moindre perte de confiance en soit, il est toujours franc dans son jeu et  convainquant dans son allure. Carey Mulligan (Never Let Me Go) semble totalement envoûtée face à son nouvel ami et fait preuve d’une sincérité jusque dans son regard, tout du moins jusqu’à l’apparition d’Oscar Isaac, son mari.

L’autre élément majeur et omniprésent pendant ce film est la bande son, cette bande son qui participe à la création d’une ambiance chimérique et parfaitement kitsch (tous les petits détails y participent, même cette typo couleur rose fushia récurrente). La musique d’intro nous en imprègne directement, on ressent dès lors que cette juxtaposition entre image et son n’a rien d’anodine, que nous sommes face à quelque chose qui nous dépasse. Petite anecdote la concernant, je déteste ce genre de musique très électronique, alors quand j’ai essayé de l’écouter une première fois avant de voir le film, je n’ai pas tenu plus de 10 secondes. Mais après l’avoir vu, je ne peux plus m’en séparer, je l’écoute presque constamment !
Car cette ivresse musicale rajoute d’autant plus de fond à ce film. Son coté effréné et chaotique rajoute la petite touche nécessaire à l’aboutissement de ce film.

Enfin, Refn a bien sur fait preuve de l’élément qui le caractérise dans tous ses films : cet esthétisme de la violence qui lui est si propre. Toutes les scènes ne serait-ce qu’avec un peu de sang prennent un tournure (peut être pas comique comme certains l’ont pris dans la salle) plutôt dramatique en donnant à la fois plus de charisme au personnage, car ce n’est presque toujours que le Driver qui y est confronté, mais aussi un statut presque d’icône (un peu à la manière de American Psycho en beaucoup moins jeté).  
Et les jeux de lumières, ces petits flous, ce choix de couleurs assez déconcertant au premier abord, tout est fait pour que jamais nous puissions nous autoriser à nous perdre sur l’image.

Drive est le film que l’on attendait, voir même plus ! Car on reste bouche bée devant la qualité et le rendu final de l’oeuvre de Nicolas Winding Refn. Un film grandiose qui mérite d’être vu et revu.
Pas de bande-annonce cette fois, elle en dévoile beaucoup trop à mon goût, donc si vous souhaitez prendre le risque de la voir libre à vous, mais je ne vous laisses pas sans rien, voici le fameux morceau primordial de ce film dont je ne peux plus me passer :


Titre Français : Drive
Titre Original : Drive
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Acteurs Principaux : Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Oscar Isaac
Durée du film : 01h40min
Scénario : Hossein Amini d’après l’oeuvre Drive de James Sallis
Musique : Cliff Martinez
Photographie : Newton Thomas Sigel
Date de Sortie Française : 5 Octobre 2011

A propos de Nox

Rédacteur stellaire, parle cinéma, jeux-vidéo et de bien d'autres choses inutiles. Dirige entre autres les larbins qui enrichissent ce blog fondé quelque part aux environs de l'an de grâce 2011.
Posté dans A LA UNE, CRITIQUES et taggé , , , , , , , . Mettre en marque-page le permalien.

3 commentaires

  1. Intéressant. J’en avais pas entendu parler du tout avant ces derniers jours. Va falloir que j’aille le voir.
    Déjà que j’ai pas le temps de faire quoi que ce soit, merci pixagain :evil:

    Répondre

    • Toujours un plaisir :mrgreen:

      Répondre

      • Merci, je te hais bien cordialement :roll: :mrgreen:

        Répondre

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*


− deux = 6

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>